Le système d’enseignement supérieur marocain souffre d’un manque de contrôle rigoureux sur l’ouverture de nouvelles filières professionnelles (Licence Pro, Master Pro).
De nombreux établissements — privés mais aussi publics via la formation continue — proposent des diplômes sans cadre réglementaire clair.
Résultat : qualité hétérogène, confusion pour les étudiants et perte de crédibilité académique au Maroc comme à l’international.
« La valeur d’un diplôme repose sur la qualité de son encadrement et la clarté de son accréditation. Sans cela, on fragilise la confiance du marché de l’emploi » — Pr. Rachid Guerraoui, École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL).
Vers un cahier des charges national pour la formation continue
Pour rétablir la confiance, il est essentiel d’instaurer un cahier des charges national inspiré des pratiques européennes et canadiennes.
Ce cadre devrait définir :
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Les conditions d’accès (niveau d’études, expérience professionnelle).
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Le volume horaire minimal et la durée de formation.
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Le mode d’évaluation et les critères de validation.
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L’exigence d’un contrat de travail actif (CDI ou CDD) pour intégrer certaines formations continues.
Exemple concret : une Licence professionnelle en soirée/week-end sur 9 mois, accessible avec un Bac+2 et deux ans d’expérience, validée par examens réguliers, projets pratiques et soutenance finale.
« Un système clair d’habilitation et de suivi des formations continues est essentiel pour garantir une employabilité durable et des diplômes crédibles » — OCDE, Rapport sur l’Enseignement Supérieur 2024.
Harmoniser Licence Pro et Master Pro avec les standards internationaux
Un Master professionnel pourrait exiger :
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Bac+3 + deux ans d’expérience + concours d’entrée validant les acquis.
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Organisation hybride (cours du soir et week-end, environ 20 h/sem).
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Soutenance devant le même jury que les masters initiaux pour garantir l’équité académique.
Les formations continues privées et publiques devraient suivre les mêmes règles.
Si un diplôme n’est pas reconnu par l’État, l’établissement doit utiliser une appellation spécifique et transparente.
« L’équité académique entre les formations initiales et continues protège la valeur nationale des diplômes et leur reconnaissance internationale » — Conférence des Grandes Écoles (France).
Créer de vraies appellations pour les diplômes non accrédités
* Accrédité par le ministère de l’Enseignement supérieur, pas (université uniquement)
Pour clarifier le marché, il faut interdire l’usage des termes Licence, Master, BTS, DUT, DTS pour tout diplôme non reconnu.
Les établissements pourraient délivrer :
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Bac+3 : Diplôme des Études Spécialisées (DES), Diplôme Supérieur d’Application (DSA), Diplôme de Spécialisation Professionnelle (DSP).
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Bac+5 : Diplôme des Études Supérieures (DESup), Diplôme des Études Avancées (DEA), Diplôme des Hautes Études Appliquées (DHEA).
*Chaque diplôme doit indiquer : volume horaire, langue d’enseignement, relevés détaillés et respecter au moins 400 heures par an pour conserver un niveau académique sérieux.
Actuellement : Plusieurs diplômes sont non accrédités (Licence / Master) par le ministère de l’Enseignement supérieur, même s’ils sont délivrés par une université. Il est donc essentiel de vérifier leur reconnaissance officielle avant de s’inscrire (ENSA KENITRA, ENSEM CASABLANCA, FST TANGER …)
« Les titres doivent être précis et transparents. Mélanger diplômes nationaux et certificats privés trompe les étudiants et affaiblit tout le système » — Conseil Supérieur de l’Éducation, Maroc
Comparaison internationale et impact sur l’employabilité
En Europe et au Canada, ces programmes coûtent entre 2 000 € et 15 000 € par an, fonctionnent en petits groupes (15 à 40 étudiants) et offrent un suivi personnalisé.
Au Maroc, les prix sont similaires (2 000 € à 7 000 €), mais beaucoup de formations n’ont aucune reconnaissance officielle, créant un décalage entre l’investissement et la valeur réelle du diplôme.
Une réforme claire apporterait :
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Transparence pour les étudiants : savoir immédiatement si le diplôme est nationalement reconnu.
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Lisibilité pour les recruteurs : distinguer les diplômes académiques officiels des certifications privées.
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Crédibilité internationale : grâce à des partenariats universitaires solides et des standards partagés.
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Responsabilisation des écoles privées : respect des normes au lieu d’utiliser des intitulés trompeurs.
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Meilleure employabilité : une formation continue réellement valorisée sur le marché marocain et à l’étranger.
« Clarifier la valeur des diplômes est la première étape pour renforcer la compétitivité du Maroc et attirer des partenariats universitaires de haut niveau » — Banque Mondiale, Rapport Éducation 2023.
Encadrer les diplômes pour protéger les étudiants et l’économie
Réformer la reconnaissance des diplômes professionnels au Maroc est indispensable pour garantir la qualité des formations et protéger les étudiants contre les filières non reconnues.
Un cadre clair permettra d’assurer :
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une meilleure employabilité,
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la mobilité internationale,
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et un investissement académique réellement rentable.
« La clarté et la rigueur académique sont les piliers d’un système d’enseignement supérieur crédible et compétitif » — UNESCO, Rapport mondial sur l’éducation 2024.